Les bijoux d’Akiani racontent une histoire!
En créant sa première entreprise, Akiani Bijoux faits à la main, Marcela Martìnez a toujours gardé à l’esprit sa responsabilité sociale, celle de raconter l’histoire des bijoux qu’elle vend.
Originaire de la Colombie, elle a immigré au Canada il y a quatre ans avec son mari et leurs quatre enfants. Elle avait alors 39 ans. Ce déménagement a demandé des préparatifs qui se sont échelonnés sur une période de quatre ans, le temps de tout régler les dossiers et…d’apprendre le français!
« Je voulais éduquer des enfants dans un pays comme le Canada, explique-t-elle. J’étais dans le domaine de la vente en Colombie dans lequel j’excellais. Mon mari est ingénieur électronique et quand nous avons fait des recherches sur le Canada, ça disait qu’Ottawa était le meilleur endroit pour lui pour se trouver un emploi dans ce domaine. Mais Gatineau était le meilleur endroit pour y vivre, notamment pour une famille avec plusieurs enfants. »
Pour sa part, elle avait une idée en tête, celle de démarrer sa propre entreprise au Canada. Mme Martìnez voulait vendre les bijoux uniques fabriqués à la main par les artisans de Mompox, un petit village de Colombie. « Le plus difficile quand tu démarres une entreprise, c’est la vente et j’avais de l’expérience dans ce domaine. Avant d’arriver à Gatineau, j’ai fait des recherches sur Internet pour savoir comment y démarrer une entreprise. Donc, j’avais tout en main en arrivant dans mon nouveau pays. »
UN PROCÉDÉ UNIQUE DE FABRICATION
Ce procédé de fabrication des bijoux remonte à 3000 ans, au Moyen-Orient, et a été importé en Colombie au moment de la conquête espagnole. La reine d’Espagne voulait que l’or provenant de la Colombie soient transformés en bijoux avant de lui être expédiés. Pour ce faire, une ancienne technique de tissage de fils fins d’argent ou d’or est utilisée. Tout est fait à la main et la fabrication d’un bijou peut prendre jusqu’à huit heures de travail.
« Le filigrane d’argent est aussi mince qu’un cheveu humain et il est tissé afin de produire un bijou unique, raconte Mme Martìnez. La fabrication de bijoux est l’activité économique principale à Mompox et je voulais démarrer mon entreprise au Canada pour soutenir le travail de ces artisans et pour offrir des bijoux uniques à un prix équitable autant pour les artisans que les acheteurs. »
Les bijoux sont vendus via le site Internet d’Akiani. L’été, un kiosque est ouvert au Marché By à Ottawa. Les bijoux ne sont pas disponibles ailleurs, comme dans des bijouteries, pour des raisons fondamentales.
« Il y a tout d’abord la capacité de production qui est nécessaire pour fournir les bijouteries, dit-elle. Mais la raison première demeure la raison sociale de mon entreprise. Je ne fais pas que vendre des bijoux, je raconte leur histoire et je soutiens une communauté. Quand je vends les bijoux en personne, j’explique leur origine directement aux clients. Lorsque c’est vendu en ligne, un livret accompagne les bijoux et des vidéos sont disponibles sur le site Internet. »
DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA RIVIÈRE
Pour soutenir sa philosophie d’entreprise, elle a donné un nom inuit à son entreprise. Akiani veut dire de l’autre côté de la rivière. « Je voulais un nom qui soit rattaché à ma nouvelle culture au Canada afin de faire le lien avec la culture colombienne qui est à l’origine de la fabrication des bijoux. »
« À peine six mois après notre arrivée au Canada, mon entreprise était lancée. C’est très rapide ici. Et, une semaine après mon arrivée à Gatineau, j’ai découvert le SITO, le Service Intégration Travail Outaouais. En plus de pouvoir pratiquer mon français on m’a offert des ateliers très pratiques qui m’ont permis de m’imprégner de la culture entrepreneuriale au Canada. On m’a identifié tous les outils nécessaires au démarrage de mon entreprise, notamment pour les aspects financiers et, surtout, on m’a encouragé et bien conseillé. »
Plus tard, elle a même eu l’occasion de présenter sa nouvelle entreprise à de nouveaux arrivants afin de les encourager à faire de même. L’accueil des immigrants est très important, note la femme d’affaires. Aussi, grâce au Réseau d’Action des Entrepreneurs Multiculturels (RAEM) elle a eu l’opportunité de connaître tous les organismes qui soutiennent l’entrepreneuriat immigrant et devenir membre de la Chambre de commerce de Gatineau.
UNE VISION ET UNE MISSION
Emmanuel Croteau-Benoit est agent de liaison au SITO dont la mission est essentiellement l’employabilité des nouveaux arrivants en offrant des formations et de l’accompagnement pour l’insertion à l’emploi, incluant le maintien à l’emploi. L’entreprenariat y est aussi abordé avec un programme qui a été repensé l’an dernier et qui favorise la contribution de divers organismes œuvrant dans ce domaine.
« Lors de la première rencontre avec les nouveaux arrivants, le SITO peut accompagner ceux et celles qui souhaitent se lancer en affaires jusqu’à la phase de prédémarrage, dit-il. Nous sommes en mesure de leur faire connaître notre culture d’affaires à Gatineau et de valider leurs projets. Ensuite, d’autres organismes dédiés notamment au plan d’affaires et au financement prennent la relève. C’est tout notre écosystème économique de la région qui est mis à contribution. Pour nous, Akiani, c’est un bel exemple d’une entreprise qui a une mission. Un exemple de réussite. »
À cet égard, Audrey-Ann Vachon, de Mon GPS, rappelle que 73 partenaires font partie de cet écosystème qui est propulsé par son organisme. « Ils ont compris l’importance de travailler ensemble pour le bien de l’entrepreneur, et le SITO le fait très bien. »
En plus des ateliers bien ciblés, le SITO initie des activités de réseautage, comme la soirée des entrepreneurs multiculturels, afin de favoriser le partage des histoires à succès. Tous les aspects de l’import-export sont aussi abordés puisque les entrepreneurs immigrants s’y lancent naturellement.
D’AUTRES DÉBOUCHÉS
Marcela Martìnez a aussi développé de nouvelles niches afin de favoriser la croissance de son entreprise. Entre autres, il est possible de développer un bijou sur demande pour des événements spéciaux. C’est ainsi qu’elle a fabriqué un bijou en forme de feuille d’érable pour la fête du Canada et qui a trouvé plus de 400 acheteurs.
Et, récemment, les Grands Explorateurs du Monde ont présenté un film sur la Colombie produit par Tenor Films. On lui a demandé de concevoir un bracelet qui est vendu lors de la projection du film. En tout, 750 bracelets ont été vendus lors des projections en Belgique en 2018 et autant seront mis en vente lors des projections au Québec. Le film sera présenté à la Maison de la culture de Gatineau le 8 mars prochain. Elle souhaite développer ce genre de collaboration avec d’autres organisations.
« J’ai toujours plein de projets en tête et je compte sur le soutien de toute ma famille pour m’aider à les réaliser », avance Mme Martìnez en précisant que ses principaux clients proviennent du Québec, de l’Ontario et des États-Unis.
MERCI POUR L’ACCUEIL
Bien qu’ayant appris le français avant d’arriver au Canada, sa famille a été confrontée au fameux accent québécois qui leur a demandé une période d’adaptation. Le tout jumelé au déracinement culturel. Mais l’accueil que les immigrants reçoivent au Canada est chaleureux et fait sur mesure, assure Marcela Martìnez. Elle ne tarie pas d’éloges envers sa terre d’accueil, Gatineau.
« C’est un endroit très intéressant pour les immigrants pour plusieurs raisons, dont l’emploi et le coût abordable des logements. C’est bon de vivre à Gatineau à proximité de la nature, pour l’excellence de l’éducation et pour les gens en général. Je veux dire un gros merci à toutes les personnes et tous les organismes qui nous reçoivent, comme Mon GPS, le SITO, la Chambre de commerce de Gatineau, Export Outaouais et le RAEM. C’est vraiment important pour nous de recevoir vos encouragements afin de nous aider à repartir à zéro dans un nouveau pays, dans une nouvelle culture. Sans ces personnes et ces organismes, il ne serait pas possible pour les nouveaux immigrants de le faire. »
Mme Martìnez va plus loin en rajoutant qu’au Canada, c’est plus facile pour les femmes de réussir. C’est dans la culture du pays. « Ici, la vie est meilleure pour les femmes et je le ressens à tous les niveaux. C’est important de le mentionner. »
Consulter le site web d’Akiani handmade Jewelry